lundi 15 août 2011

Pourquoi Sarkozy est si mauvais: Il bosse peu. Il bosse mal…. Son narcissisme l’aveugle

Il y a quatre semaines, l’hebdomadaire Marianne attribuait quelques notes, globalement très moyennes, à l’action de Nicolas Sarkozy. Il nous fallait donc rappeler, à l’inverse, pourquoi Nicolas Sarkozy nous semble l’un des pires présidents que notre République, la Vème, ait connu. Cette dernière semaine, d’une réunion surprise et ratée qui inquiéta les marchés à un hommage militaire anachronique, en fut une nouvelle et triste illustration.
Il bosse peu
Pendant les 6 premiers mois de son mandat, il s’est donné l’image d’un   président volontariste et omni-présent, l’antithèse – voulait-il – du « roi fainéant»   précédent, c’est-à-dire Jacques Chirac. Ce fut peut être vrai quelques   mois. Personne, pas même les envoyés spéciaux élyséens que nous pouvons   être, ne peut prétendre connaître l’agenda de travail de notre Monarque   dans ses moindres détail.Mais depuis deux ans, son agenda se résume à deux déplacements expresses   par semaines, quelques remises de rapport, et des weekends vides sauf   anniversaires ou célébrations obligatoires. Depuis la fin juin, le   Monarque avait même allégé son agenda au point d’être en weekend de   trois jours chaque fin de semaine. On applaudit le travailleur ! Quand la crise financière, mêlant instabilité boursière, attaques spéculatives contre les dettes souveraines de pays proches    (Italie, Espagne), et dégradation de la note de crédit américaine,   s’est aggravée, Sarkozy est même restée au Cap Nègre où il s’était   réfugié le 1er du mois. Il a fallu 10 jours de Krach pour qu’il interrompt enfin ses vacances, et revienne à Paris sans crier gare et ni rien annoncer de concret, au risque de raviver les plus folles rumeurs.
Il bosse mal.
Même au plus fort de son omni-présence médiatique, Nicolas Sarkozy   agissait finalement peu. Il déclamait beaucoup, et confondait toujours   la boulimie législative avec l’action réelle. Bref, Sarkozy avait inventé l’agitation immobile.   Parler beaucoup mais agir peu. Mais même sur les rares sujets dont il   tenta de s’emparer, son bilan fut médiocre. En quoi Sarkozy est-il   compétent ?
Combien de rapports et d’analyses faudra-t-il pour que les Français comprennent    ? L’un des derniers ouvrages de la Cour des Comptes, sur la gestion des   forces de sécurité, a sonné comme un coup de tonnerre en Sarkofrance :   une centaine de conseillers s’étaient minutieusement penchés sur le   domaine favori du chef de l’Etat depuis 2002, la sécurité, décortiquant   la définition et le suivi des objectifs, l’allocation des moyens, et la   cohérence de l’action par rapport à ces objectifs « politiques ».   Les conclusions étaient désastreuses pour Nicolas Sarkozy, et enfin   pouvions-nous comprendre pourquoi les résultats en matière de lutte   contre l’insécurité étaient également très mauvais. Les violences aux   personnes ont augmenté, en bientôt dix années de gestion sarkozyenne, de   350.000 par an à près de 500.000 par an.
Autre exemple d’incompétence, politique celle-là : rappelez-vous la séquence de mai 2007 à janvier 2008.   Nicolas Sarkozy avait les pleins pouvoirs, les faveurs de l’opinion du   jeune élu, l’atonie de l’opposition, bref, tout pour réussir un minimum.   Et bien, en 6 mois, il s’est complètement auto-détruit : il a raté   l’occasion des réformes difficiles et s’est brouillé durablement avec   l’opinion. Au printemps 2008, on se demandait déjà si Fillon ne devait pas le remplacer...
En novembre 2010, la réforme des retraites est adoptée. On pourrait   croire que c’est le seul élément « positif » de son bilan, la « véritable» réforme de ce quinquennat. C’est pourtant faux. Les parlementaires,   mêmes à droite, ont critiqué l’impasse budgétaire, et les hypothèses de   croissance économique farfelues. En pleine crise, la réforme a aussi   transformé des futurs retraités en chômeurs. Une première étude de l’Unedic  chiffre à 8.700 le nombre de chômeurs restant inscrits à Pôle Emploi cette année malgré une durée de cotisation suffisante.
Last but not least, comment ne pas s’émouvoir de la dégradation des comptes publics, au-delà du simple effet de la crise ?  La Cour des Comptes l’a écrit et répété. Les défiscalisations « ante-crise » de Nicolas Sarkozy ont été anachroniques et contre-productives. Même en matière de gestion des propres deniers de l’Elysée, ses caprices aéronautiques  ont coûté une grosse trentaine de millions d’euros de trop !
Il n’est pas au contact des Français
Sarkozy fait semblant de travailler. Toutes les semaines, il s’impose   deux déplacements, parfois de terrain, parfois internationaux. 110 en   2009, 99 en 2010. Même pour quelques heures, il dépense entre 100 et 200   000 euros entre l’aménagement, les transports et le filmage   systématique de ces prises de paroles.
A chaque fois, une table ronde, avec ses questions pré-cadrées, ses   réponses préparées, ses anecdotes pré-choisies. Depuis 2009, les lieux   sont toujours à l’écart, facilement sécurisés par des centaines de   policiers et gendarmes. L’assistance est toujours choisie parmi des   militants ou sympathisants UMP invités. Jamais elle n’a le droit à la   parole de façon improvisée. Le Monarque lit souvent des fiches   préparées par ses conseillers, et repart comme si de rien n’était. Les   journalistes non plus n’ont pas droit à poser une quelconque question.   Ils sont contraints à suivre le parcours.
Ce tour de France dure depuis plus de deux ans. Certains sujets,   pourtant nationaux et importants, sont totalement occultés: la crise de   l’euro, la montée du chômage, la précarisation d’une frange croissante   de la population. Sarkozy thématise à l’extrême ses déplacements pour   éviter les questions gênantes.

Il n’anticipe rien
Depuis quelques mois, on voudrait nous faire croire  qu’il est « expérimenté » et « crédible », devant « des risques terroristes, de guerre et des risques financiers autour de l’euro. »   Pourtant comment l’un des hommes les mieux informés du pays a-t-il à ce   point tout raté ? Voici trois exemples, si frappants.
La crise des subprimes a débuté aux Etats-Unis dès l’été 2007. A   l’époque, Sarkozy nous vantait encore l’emprunt immobilier sans apport   personnel ! Et son gouvernement maintenait que la crise ne concernerait   pas la France. En décembre 2007, les économistes de tous bord   craignaient déjà le spectre de la crise de 1929. En septembre 2008,   c’est la déconfiture financière et… médiatique. Sarkozy mit 11 longs jours à réagir officiellement au krach boursier.   Cet aveuglement a eu d’autres effet : chaque année, le gouvernement   bâtit son budget sur des hypothèses de croissance, qui déterminent le   niveau de rentrées fiscales attendues. Parfois, en cas de crise   soudaine, il est pris de court. Ce ne fut pas le cas de Nicolas Sarkozy.   Dès l’été 2007, les prévisions gouvernementales étaient contredites par   tous les instituts et organisations internationales. Et Quatre ans plus   tard, rien n’a changé. Il y a deux jours, la Banque de France, suivant   l’INSEE, annonçait que la croissance serait moindre que les 2 à 2,25%   attendus par Sarkozy en 2011. Qu’importe ! Le gouvernement s’obstine.
Autre lieu, autre exemple. En août 2008, il rencontrait Vladimir   Poutine, en partance pour l’inauguration des JO de Pékin. On les voit   tous les deux s’embrasser. Quelques heures avant, Poutine avait pourtant   envahi la Géorgie, une information qui ne deviendra publique que plus   tard. Sarkozy a-t-il au moins discuté de la chose ? Etait-il prévenu   d’une confidence de son ami russe, ou fut-il pris au dépourvu comme tout   le monde ?
En décembre 2010, le printemps tunisien démarre un peu avant Noël.   Il faudra attendre des morts et des mois pour que la Sarkofrance   réagisse timidement. Quand des émeutes secouent à leur tour l’Egypte de   Moubarak, rebelote. L’aveuglement est total. Sarkozy crut bien se   racheter en attaquant la Libye sous mandat onusien. Il oublia au passage   qu’on tuait davantage … en Syrie.
Il ne comprend rien
Etre président n’a jamais nécessité de comprendre les moindres détails   de chacun des sujets sur lesquels on sera amené à intervenir. Mais   Nicolas Sarkozy, candidat puis président, espère toujours nous faire   croire qu’il a tout compris. Comme c’est évidemment faux, c’est   dangereux.
Son insistance à simplifier des enjeux que ne peuvent pas l’être, comme   fin juillet lors de la crise de l’euro, en est devenue gênante. Cette   semaine passée, l’incroyable ratage de son exercice de communication   politico-financière mériterait réflexion. En revenant secrètement à Paris mardi soir pour tenir une réunion ministérielle surprise mais sans annonce le lendemain matin,   Nicolas Sarkozy semblait s’adresser à l’électorat plus qu’aux marchés,   quitte à provoquer encore davantage de panique boursière.
Il raconte tout et son contraire
Les historiens s’amuseront plus tard de deux séquences incroyables.   Pendant 3 ans, Nicolas Sarkozy nous a répété combien la France devait   s’inspirer du bouclier fiscal allemand, mis en place par les « socialistes allemands ». A   chaque fois qu’il répétait cette ânerie, journalistes, éditorialistes   et blogueurs répétaient que le bouclier fiscal allemand était un mythe,   que Sarkozy faisait de graves raccourcis. Puis, à l’automne 2010,   changement de registre. Au nom de la convergence fiscale   franco-allemande, il nous fallait abroger ce bouclier fiscal   franco-français…
Second exemple, le partage de la valeur ajoutée. Combien de fois Nicolas Sarkozy a-t-il répété depuis 2008 qu’il souhaitait qu’un accord soit trouvé « dans les trois mois» entre patronat et syndicats pour que les bénéfices des entreprises   soient partagés en trois tiers, investissement/actionnaires/salariés ?
Son narcissisme l’aveugle
Le narcissisme de Sarkozy est devenu légendaire. Ses caprices coûtent cher à l’Etat, comme l’a récemment rappelé la Cour des Comptes. Pouvez-vous trouver un seul discours sans une avalanche de « je »   ? Un seul sujet d’intervention publique réellement désintéressé ?   Prenez l’actualité récente, et le prétendu sauvetage de l’euro par sa   Majesté Nicolas Ier.
Une récente livraison du Canard Enchaîné, le 27 juillet dernier, nous livrait quelques perles : « si   je n’avais pas été là, il n’y aurait pas eu d’accord. (…). J’ai fait   exactement comme Henry Fonda, dans un film que j’adore, « Douze hommes   en colère », qui retourne un à un les jurés pour sauver la tête d’un   jeune homme promis à une condamnation à mort. J’ai retourné les uns   après les autres les chefs d’Etat et de gouvernement, ceux qui voulaient   faire peur à la Grèce (…). J’espère qu’on aura l’honnêteté de le   reconnaître. »
On oublierait presque que (1) Sarkozy s’est publiquement désintéressé de   la crise de l’euro et de la Grèce pendant les 15 jours qui précédèrent   le sommet du 21 juillet, (2) qu’il a exclu son propre gouvernement des   derniers jours, (3) qu’il a surtout lui-même cédé sur les points   essentiels qui bloquaient avec l’Allemagne (concours du secteur privé,   prêts du FESF, défaut de paiement de la Grèce).

Incompétent, narcissique, incohérent, imprévoyant,… qui dit mieux  ?


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